Alice Krieg-Planque

Alice Krieg-Planque
Alice Krieg-Planque

vendredi 16 octobre 2009

Ils nous ont précédé dans l’acédie

« Le démon de l’acédie (akēdias daimōn) qui est appelé aussi “démon de midi”, est le plus pesant de tous (barutatos) ; il attaque le moine vers la quatrième heure et assiège son âme jusqu’à la huitième heure. D’abord, il fait que le soleil paraît lent à se mouvoir, ou immobile (duskivēton ē akivēton) , et que le jour semble avoir cinquante heures. Ensuite, il le force à avoir les yeux continuellement fixés sur les fenêtres, à bondir hors de sa cellule, à observer le soleil pour voir s’il est loin de la neuvième heure… En outre, il lui inspire de l’aversion pour le lieu où il est, pour son état de vie même, pour le travail manuel (…). Le démon (…) l’amène alors à désirer d’autres lieux, où il pourra trouver facilement ce dont il a besoin, et exercer un métier moins pénible et qui rapporte davantage ; il lui représente combien est longue la durée de la vie ; et comme on dit, il dresse toutes ses batteries pour que le moine abandonne sa cellule et fuie le stade ». Extrait de : Evagre le Pontique, Traité pratique, 12.

« Quand cette passion s’est une fois rendue maîtresse de l’âme d’un moine, elle engendre en lui l’horreur (horror) pour le lieu où il demeure, du dégoût (fastidium) pour sa cellule, du mépris pour les frères qui vivent avec lui ou sont éloignés, et qu’il considère comme négligents et peu spirituels. Elle le rend mou et sans courage pour tous les travaux qu’il a à faire à l’intérieur de sa cellule, l’empêchant d’y demeurer et de s’appliquer à la lecture. Il se lamente souvent de n’y faire aucun progrès depuis si longtemps qu’il y réside, se plaint en soupirant de ne pouvoir réaliser aucun profit spirituel aussi longtemps qu’il ne sera pas uni à telle communauté. Il s’afflige de rester ainsi sans aucun gain spirituel, inutile dans le lieu où il réside, lui qui, alors qu’il pourrait diriger les autres et leur être tellement utile, n’aura édifié et fait profiter personne de sa manière de vivre et de son enseignement ! » Extrait de Cassien, livre X des Institutions cénobitiques (X, 2, 1-2, p. 385-387, cf. également X, 6, p. 391-393).

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